Tu n'es pas un combattant, ni un soldat. Tu es un pacifiste. De ce fait, tu ne possèdes pas d'arme, ni d'armure. Pour ce qui est de ta monture ou d'un compagnon, tu n'en as pas. Ton revenu est restreint après tout. Parfois, ton fils de dix ans habite chez toi. Or depuis quelque temps, il y a un animal qui te suit.
••• Corvus mellori [ + ]
Est-ce que tu peux le considérer comme un compagnon ? Il est sauvage et ne s'approche jamais de toi. Depuis ton aménagement à Végétal, il s'est entiché de ta présence. Il te suit partout où tu vas. Il se pose sur une branche d'arbre, un toit ou à même le sol. Il te regarde d'un air sombre et avide. Comme si pour lui, ta chair et ton sang devaient être délicieux à ses yeux sombres. D'un côté, sa présence et son crie te rassure, alors tu n'as jamais pensé à le rejeter ou l'obliger de le fuir. De l'autre côté, tu as l'impression qu'il monte d'un autre niveau ta sombre existence.
Avant de lire. Sachez que l'histoire de Lucian est composé de 8 chapitres sur 13 pages. Je vous place sur le forum la dernière illusion, plus important : son intégration à Greenfairy. Vous pourrez trouver ici sur ce lien [+] le reste de son histoire.
8ième Illusion – Greenfairy
••• Dix ans plus tardTu contemplais l'enseigne, une carte de visite à la main. Tu l'avais retrouvé parmi les papiers quelques jours auparavant. Le numéro griffonné dessus n'était plus attribué depuis longtemps, or le logo existait toujours. Il représentait ce bar, le Greenfairy. La curiosité te poussa visitée ce lieu, le voir de tes propres yeux.
Tu remontas ton écharpe, cachant l'ultime péché de ta vie. Puis, tu pris le courage à deux mains pour pénétrer dans la taverne. Ton regard lassé observait longuement les décors à l'ambiance zen, assez sympathique pour s'arrêter boire un verre. L’absence de saleté dévoilait l'état d'esprit de ses employés et des règles. Le barman préparait son comptoir et tu t'installas près de lui.
▬ Je vous sers un verre .
▬ Je veux bien. Donnez-moi, votre meilleur alcool.
L'homme hésita un instant et s'assura de ton état. Après une inspection sommaire, il finit par sortir une bouteille verte feuille. Il commença à faire un curieux rituel. Il dosa le liquide verdâtre dans un verre. Puis, il plaça un demi-sucre sur une cuillère trouée. Avec des gestes réguliers et précis, il versa de l'eau sur le sucre au compte de goutte. Pour finir son action, il dilua le tout avec une grande quantité d'eau. Il plaça la garniture et te présenta d'un geste délicat, le breuvage face à moi.
▬ J'espère qu'il sera à votre goût.
Tu restais envoûter par ce spectacle, réalisant à peine son achèvement qu'à l'instant où on te parla. Machinalement, Tu t’emparas de la boisson avant de prendre une gorgée. Sous le coup de la surprise, tu te mettais à tousser. Tu massais ta gorge face au goût anisé de ce liquide vert. C'était la première fois que tu en prenais.
▬ Qu'est-ce que c'est ?
▬ La spécialité de la maison, la « fée verte ».
Tu ouvris les yeux en entendant. La « fée verte », le surnom que l'on donne à la boisson au nom d'absinthe. Une boisson qui avait été interdit, il y a bien longtemps à cause de son mythe. Les mains sur les lèvres, tu profitas de ce parfum divin. Tu continuas à te délecter du reste de ton verre. L'envie de reprendre un autre verre se faisait ressentir. L'homme souriait en constatant que tu désirais un autre verre. Vous dialoguez longuement, révélant l’objet de ta visite.
▬ Je savais que tu tiendrais ta promesse.
Tu le regardas étonner.
▬ Quelle promesse ?Je ne me souviens de rien .
▬ C'est très simple. Je comptais refuser de reprendre l'affaire de mon père à sa mort. Puis tu t'es présenté face à moi, avec ton air abattu. Tu m'as soûlé en racontant ton passé. Crois-moi, j'avais envie de t'envoyer moins poing. Mais, lorsque tu m'as présenté ton Echo, je n'ai pas pu m’empêcher de faire un parti. J'avais très envie de parier sur l'utilité de tes capacités sur un lieu de travail. C'est pour cette raison que je t'ai donné cette carte. Je me suis dit : Si un jour tu pousses ses portes, tu es engagé sur-le-champ. Tu restas muet face à sa déclaration et à l'originalité de son recrutement.
Tu frappas les comptoirs de ton poing.
▬ C'est insensé ! On ne choisit pas ses employés sous un coup de tête. Il doit être qualifié.
▬ Tu es qualifié dès le départ. J'ai absolument envie de t'avoir, ainsi que cet Echo.
▬ Je refuse ! Je ne sais pas l'utiliser.
D'un certain côté, tu mentais. Tu savais parfaitement limiter les effets du transfert d'un corps à un autre. Tu savais comment absorber cette malchance. Mais tu ne voulais pas croire à ce côté néfaste de ton Echo. De l'autre, tu te demandais en quoi cette capacité pouvait d'être utile à cet homme. À part celle de fermer sa taverne grâce à ta présence. Tu ne voulais pas t'amuser à ce qu'une situation survienne à cause de toi. Malgré tout, tu voulais savoir ce qu'il le poussait à vouloir de ton pouvoir. Tu buvais un autre verre.
▬ En quoi est-ce que la malchance peut être utile ?
▬ C'est très simple. Maintenant que tu sais pour mon petit bébé, tu ne pourras jamais quitter cet endroit sans mon consentement.
Sous le choc, tu eus un mouvement de recul. Ta chaise tombait au sol. Tu passas la main sous ta chevelure sombre. Ta tête te fessait mal et le décor tournait autour de toi. Tu finis par sombrer dans les ténèbres.
••• Le soirÀ ton réveil, tu avais les larmes aux yeux. Tu étais perdu, tu avais un mal de crâne. Puis, tu constatas la présence d'un verre d'eau et d'un cachet. Sans prendre le temps de l'identifier, tu avalas les médicaments et bus jusqu'à plus soif. À en juger par le goût amer, tu venais de prendre une aspirine. Mais est-ce que tu pouvais te fier à ton propre jugement ? Tu devais rentrer, tu le savais. C'est alors que tu entrepris à retrouver la porte de sortie.
Au rez-de-chaussée, le Greenfairy battait son plein. Il avait trop de monde à jouer, parler et s’amuser. Une jeune femme te bouscula. Elle te fusilla du regard tout en s’excusant. Tu dirigeas vers l'entrée lorsque le propriétaire te remarqua.
▬ Ah réveillez, mon petit Lulu ! Juste à temps pour les festivités. J’espère que tu sais tenir un bar au moins.
Sans crier gare, il te plaça au bar et te demanda de le tenir. Tu voulais le refuser, mais un client au bar passa commande. Tu le regardas interloquer, tout en te demandant ce qui t'avait poussé à venir dans ses lieux. Sous l'insistance de ton « patron », tu prends un verre d'un mouvement hésitant et tu verses la bière qu'on t'avait demandée.
Ta présence en ses lieux fut une première pour le client. Il te le fait remarquer. Tu ne disais pas un mot, pensant à t'échapper. Pris au piège, tu l'écoutais se plaindre de sa femme et de ses enfants. Il disait à tel point qu'il se sentait délaisser et espérer un peu de tendresse. Il te trouvait d’ailleurs assez mignon, à son goût. Tu compris qu'il était bourré pour sortir toutes ses âneries. L'entendre geindre t'énerver. Il ne savait pas la chance qu'il avait d'avoir encore sa femme, alors que tu avais perdu Lena. Tu n'en pouvais déjà plus.
Sans crier gare, tu lui répondis, le poing serré :
▬ Tu te plains. Mais dis-moi est-ce que tu lui apportes de l'affection ? Est-ce que tu t'es déjà demandé si de son côté, ce n'était pas la même chose ? Ne viens pas te plaindre après si elle te quitte du con d'alcoolique.
Le client était prêt à te frapper lorsque le patron te protégea. Il s’excusa auprès de lui et lui offrit un autre verre. Puis, il te poussa à ta suivre jusqu'à une autre pièce.
▬ Calme-toi. Je te signale que c'est un habitué. Il ne pense jamais ce qu'il dit lorsqu'il est bourré. Alors fait l'abstraction de tes sentiments pendant le travail.
Tu savais cela, mais ses gémissements et la douleur persistante avaient eu le dessus sur ton caractère. De plus, tu ne comprenais toujours pas qu'on t'oblige à rester dans ce bar. Tout ça, tu ne l'avais jamais désiré.
▬ Qu'est-ce que ça peut me faire. Je ne compte pas travailler ici. Je veux juste rentrer chez moi et voir mon fils.
On frappa à la porte. Un homme pénétra aussitôt dans la pièce.
▬ Il y a un problème patron ? Beauty m'a dit qu'il avait eu un problème au bar.
▬ Non tout va bien. Je suis en train de réprimander le nouvel employer.
Sous l'information, l'homme commençait à refermer la porte derrière lui.
▬ Reste ! Il fera partie du cercle dès qu'il signera le contrat.
▬ Je ne compte rien signer, même sous la menace.
Le patron de l'établissement t'observa.
▬ Lucian. Tu me plais bien. J'ai véritablement envie de te garder. Je me souviens encore d'une phrase. Tu regrettais qu'aucune oreille ne te prêter attention. Et crois-moi, je m'en foutais royalement. Mais en observant certains de mes clients, je me suis rendu compte qu'on a beaucoup de problèmes avec les autorités liées à l'alcool.
▬ Retirez l'absinthe de vos cartes, vous verrez que vous n'aurez plus de problème.
L'homme ria de bon cœur.
▬ Retirez un produit tant convoité n'est pas de mise. Par contre, j'avoue que certains clients ont besoin d'une épaule. Je ne peux pas m'occuper de tout et je n'ai pas assez de personnel compétent.
Tu le regardas suspicieux.
▬ Je ne vois pas le rapport avec moi.
▬ Réfléchi bien Lucian. Ne penses-tu pas que ta place et parmi les tiens, dans un bar. Tu pourras régler les problèmes lier à l'alcool comme tu le sens. Je te laisserais carte blanche. Je ne serais jamais derrière toi.
Tu ne savais pas si son idée valait le coup d'essayer. Tu avais besoin de réfléchir. De plus, tu ne comprenais pas ce qui le poussait à t'avoir absolument. Toute cette histoire était trop floue pour toi.
On te laissa seul pendant trente de minutes. Comme tu ne savais pas quoi faire d'autre à Végéta, tu te retournas derrière le comptoir et tu servais ton second client. Ton approche avec lui était nettement plus amicale que le précédent. Une approche plus simple vue que tu avais repris ta lassitude habituelle.
••• Deux mois plus tard.Tu es revenu au Greenfairy. Tu donnas ta réponse qui était favorable. À instant, un client pénétra dans le bar ; C'était ton premier client. Lorsqu'il te vit, le sourire s'agrandit. Il te remercia en disant que ton conseil ne l'avait pas aidé, mais ça avait remis le dialogue dans le couple. Pour fêter sa réconciliation, il te demanda deux verres. Tu les lui fais sans hésitation. Il prit le premier et t'offrit la seconde. C'était pour lui un cadeau de remerciement. Tu acceptas volontiers.
Depuis ce jour, tu t'es installés à Végéta dans un petit appartement comptant deux chambres. Ta mère s'inquiétait sur ta décision. Mais tu lui répondais par cette unique phrase : « la grande ville m'a détruit. Je veux tout simplement vivre dans un lieu paisible, retirer de la capitale. »
Tu as appris par cœur la carte du Greenfairy. Tu as appris à servir la boisson far de la maison grace au patron. C'était un professeur sévère mais précis. Tu savais analyser ton client afin de donner la dose à son image, telle qu'un cuisinier façonnant son assaisonnement. Quand les gens commandaient cette boisson, ils furent éblouis par tes mouvements précis. Tu ne fessais jamais de mouvement superficiel. Aucun s'est plein jusqu'à présent. Tu étais également connu pour être à l'écoute des problèmes. Tu guidais dans une solution sommaire. Tu mémorisais rapidement les habitués de la taverne. Tu savais si certains étaient plus enclins à se perdre dans l'alcool. Parfois, c'était la famille qui te donner des informations. Dès que tu avais toutes les cartes en main, il t'arrivait de refuser de servir un homme. Tu ne voulais pas qu'il se ruine la santé. Tu étais comme une sorte de parrain. Lorsqu'un nouveau client pénètre à la taverne, tu lui offris un petit extra, histoire qu'ils se souviennent qu'il a bien été accueillit. Mais surtout, lui faire dise qu'il reviendrait bien.
Ton fils, Kylan a bien grandi depuis que ton aménagement. Âgé d'une dizaine d'années, on l'avait confié à ta sœur durant la semaine, l'assistant social disait que l'instabilité de ton comportement vis-à-vis de l’alcool était néfaste. Cependant, tu avais le droit de l'avoir le week-end, et parfois pendant les vacances. Tu fessais tout pour qu'il soit heureux en ta présence. Pourtant, tu savais qu'un jour, il découvrira l'homme que tu es réellement. Il te rejettera sûrement en découvrant certains partenaires dont tu avais partagé ton lit. Il ne comprendra jamais l'homme immoral que tu étais devenu.
••• Aujourd'hui, tu as 32 ans.▬ Lulu, tu ne vas pas bien ?
Tu te retournes vers l'homme sans réellement le regardait. Ce surnom, c'était l'un des deux surnoms qu'on emploie pour t'appeler. Ton interlocuteur s’inquiète de ton état de ce matin.
▬ Tout va bien Beast. J'ai eu une nuit agitée. Je vais prendre un médicament et tout rentrera dans l'ordre.
Beast avait sûrement remarqué la larme qui venait de couler le long de tes joues. Tu l'avais pourtant essayé avait qu'on la remarque. Tu n'as pas dû être assez rapide.
▬ Je pense que notre chère Lucy a encore eu un chagrin d'amour. Tu veux que je te console ?
▬ Non merci, Beauty. Je ne veux pas être dans tes filets. De plus, Beast va sûrement me tuer après.
▬ Méchant !
Beast eut un sourire en buvant le cocktail que tu lui avais préparé avant l'ouverture du Greenfairy. Il est le petit chef du groupe en l'absence du patron et s'occupe aussi de la sécurité au besoin. Sa force est colossale quand il s'y met. Beauty, l'une des serveuses, s'était assise sur le comptoir en se fessant une beauté. Elle était magnifique et presque chétive. Pourtant, il ne fallait pas se fier à l’apparence et surtout bien se boucher le nez quand elle est en colère.
▬ Au fait l'un de vous sait où est la fouine ?
▬ Son réveil n'a pas sonné et s'est excusé de son retard. Elle arrivera bientôt.
« Elle » est un bien grand mot, comme « il » d'ailleurs. La fouine n'aime pas qu'on la nomme par son prénom ambigu et préfère « la fouine » entre nous. D'ailleurs, sa capacité de détrousser certaines personnes en dehors du travail t'étonne toujours. Elle disait toujours que « c'était pour finir ses fins de mois ». Et pour ce qui est de son sexe, c'est un vrai mystère.
Beauty coupes le silence.
▬ Au fait Lulu. Il faudrait faire attention au nouveau client. Il est une taupe de la police.
▬ Ne t'inquiètes pas. Je me suis déjà occupé de cette histoire. Cette nuit.
Tout le monde te regarde d'un air étonné. Ce n'est pas souvent que tu prennes les devants.
▬ Je croyais que ton amant t'avait largué. Ce n'était pas pour ça que tu pleurais ?
Tu demeures muet un instant. Tu repenses à l'appel reçu la veille, juste après la fin de ton travail. Kylan ne viendra pas ce week-end dormir pour une raison qui t'est encore inconnue. Tu fus marqué par cette révélation.
▬ Non, c'était le fait que je te trouvais très en beauté qui m'a ému ce matin.
▬ Oh, tu es trop chou !
Toucher part ta confession, Beauty te prend dans ses bras. Au même instant, le dernier membre du cercle pénètre dans la pièce totalement essoufflée. Comme d'habitude, il était habillé par trois couches de vêtements.
▬ Beurk ! Ne faite pas ça devant moi où je vais gerber.
▬ Ah la fouine, prépares-toi. On va ouvrir dans pas longtemps. Au passage, Lulu s'est occupé de la nouvelle taupe. Il n'y a plus rien à signaler.
▬ Chouette ! Merci pour l'info, Beast.
La fouine se précipite vers les vestiaires. Nous étions quatre, avec les patrons à connaître l'existence de l'absinthe dans tout l'établissement. Nous étions les gardiens de ce secret que nous gardons jalousement. Et pour que tout cela reste dans l'ombre du café zen, nous étions tous prêt à user de nos Echos particuliers. À noter que ma victime devra avoir un accident sous peu.